Bonjour Professeur, je vous remercie de nous accorder ce temps pour répondre à nos questions. Pouvez-vous dans un premier temps vous présenter svp.
Je m’appelle Emmanuel Flamand-Roze. Je suis professeur de neurologie, médecin neurologue à l’hôpital de la Salpêtrière et chercheur à l’Institut du Cerveau à Paris.

Vous travaillez donc à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, comment avez-vous connu ou entendu parler de l’association « Vaincre Parkinson » ?
Je ne saurai pas le dire exactement car on m’en parle souvent, comme d’une association dynamique et très positive.
J’ai pu lire dans le magazine « Le Monde » que vous avez créé en 2014, un cours de sémiologie neurologique appelé « the move », pour les étudiants de 3ème année. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce sujet ?
« The move » est un programme innovant d’enseignement par simulation qui utilise le mime pour apprendre la neurologie aux étudiants en médecine, en reprenant certains éléments de l’émission télévisuel « The Voice ». Le programme s’est développé dans de nombreuses universités et il y a maintenant régulièrement un tournoi international permettant une rencontre entre les étudiants de différents pays autour du mime de la neurologie. Nous avons pu démontrer que cette approche favorisait la mémorisation à long terme des connaissances et réduisait la neurophobie chez les étudiants en médecine.

Si je résume bien votre idée, c’est que l’on mémorise mieux et plus longtemps lorsqu’on fait ou que l’on voit faire. Pensez-vous que cela pourrait se rapprocher de la répétition mentale ? Et si cela est le cas, pensez-vous que l’on pourrait développer ce concept pour les personnes touchées par la maladie de Parkinson ?
Il y a deux choses qui me semblent importantes pour l’apprentissage : premièrement l’atmosphère de l’enseignement qui doit être bienveillant et si possible chargé d’émotions positives, deuxièmement le fait de mettre en jeu au maximum ses sens et son corps. Je pense en effet que l’on peut garder cela en tête dans le soin aux patients atteints de maladie de parkinson et dans leur rééducation et leur adaptation au quotidien.
Je vous ai également vu il y a quelques jours sur France 2 dans un reportage avec Adriana Karembeu et Michel Cymes pour parler d’atelier danse que vous avez développé depuis 4 ans pour les personnes qui ont la maladie de Parkinson. Pouvez-vous nous parler de cet atelier ?
C’est un atelier que nous organisons depuis 4 ans. Les personnes qui le font vivre sont Arlette Welaratne et Svetlana Panova. Nous proposons de la danse-rythme-thérapie telle que conceptualisée par France Schott-Bilmann. Là encore nous attachons une importance toute particulière aux éléments de convivialité, y compris, dans la période actuelle, lors des séances virtuelles. J’ai l’impression que cela permet à mes patients de faire beaucoup de progrès et aussi de vivre une expérience démédicalisée du soin, qui donne beaucoup de plaisir.
ratiquer de l’activité de physique, bouger, rester actif est important pour toutes les personnes qui ont cette pathologie. Serait-il possible d’expliquer pourquoi c’est si nécessaire quand on a la maladie de Parkinson ?
Pour l’instant, la seule approche de neuroprotection pour laquelle on a des arguments précliniques très forts est l’activité physique. C’est beaucoup plus difficile à démontrer chez les patients bien sûr. Par contre, d’une façon plus générale, il apparait clairement que la pratique régulière d’une activité physique aide à bien dormir, à garder le moral, et créé aussi le prétexte d’interactions sociales qui sont très positives pour le bien-être.
Voici le lien de l’atelier Parkidanse
Voici le lien pour s’inscrire à l’atelier

Ma maman a été diagnostiquée en 2009 à l’âge de 54 ans voilà donc plus de 11 ans de maladie. Pouvez-vous nous faire le point sur les nouvelles avancées dans les traitements, la recherche et le diagnostic ?
Actuellement, la recherche est très dynamique en France et dans le monde sur ce sujet même si les choses sont toujours trop lentes pour notre cœur, pour nos patients, leur famille. Les approches visant à immuniser contre l’alphasynucléine sont actuellement testées de même que les traitements agissant sur le métabolisme du fer pour voir si cela pourrait ralentir la maladie. Il y a aussi des approches de thérapie génique qui se perfectionnent et seront peut-être utile un jour. Enfin, il y a de petits progrès techniques et dans les connaissances autour des traitements continus (pompes, stimulation cérébrale profonde) qui en permettent une meilleure utilisation.

Vous connaissez l’association par un ami commun, vous avez entendu parler de « Vaincre Parkinson » par des patients, votre épouse vous a également parlé de notre élan de solidarité. Pouvez-vous dire quelques mots pour toutes les personnes qui suivent l’association partout dans le monde.
Je suis très impressionné par le dynamisme et la détermination des personnes de l’association. Leur implication, leur geste et leurs mots constituent un repaire pour les médecins et les chercheurs. Les sommes collectées pour la recherche sont très significatives.
Pour finir, avez-vous une citation favorite qui traduirait votre état d’esprit et que vous souhaiteriez partager en mot de la fin.
Danser, c’est comme parler en silence
A travers cet échange, nous avons pu voir que vous aimez développer, créer, innover des projets et des aventures humaines. Alors peut-être un jour un projet commun avec l’association « Vaincre Parkinson » qui sait Professeur.
En attendant, au nom de toutes les personnes de l’association, je tenais à vous remercier sincèrement d’être aussi accessible et vous témoigner notre profond respect pour rendre meilleur le quotidien des personnes atteintes Parkinson par votre engagement et votre investissement.